Archive de la catégorie ‘Les Films d’Animation’

Blanche-Neige ou l’histoire de la maturité sexuelle

Jeudi 30 août 2007

ATTENTION : L’interprétation suivante est destinée aux personnes averties.

Blanche-Neige
 
Blanche-Neige ou l'histoire de la maturité sexuelle dans Les Films d'Animation blanche-neige%20(12) 

La façon dont Disney a traité l’histoire de Blanche-Neige laisse les complications oedipiennes à notre imagination, sans les imposer à notre esprit conscient ; bien étudié, nous allons voir à quel point cette histoire nous permet de distinguer les phases principales du développement de l’enfance. Les années pré-oedipiennes de Blanche-Neige (lorsqu’elle était totalement dépendante de ses parents) sont à peine mentionnées : L’histoire se rapporte essentiellement aux conflits oedipiens entre la mère et la fille et à l’adolescence, et insistent sur ce qui constitue une «bonne enfance» et sur ce qu’il faut faire pour en sortir.
 

Apparemment il n’arrive rien de mal à Blanche neige pendant ses premières années de vie, bien que sa mère soit morte en couches et ait été remplacée par une belle-mère. Cette dernière ne devient la marâtre « typique» des contes de fées que lorsque Blanche-Neige commence à mûrir. Elle commence alors à se sentir menacée par Blanche-Neige et devient jalouse. Son narcissisme est mis en évidence quand elle essaie de se rassurer sur sa beauté en interrogeant le miroir magique.  

L’attitude de la reine devant son miroir rappelle le vieux thème de Narcisse, qui finit par se laisser engloutir par l’amour qu’il avait de lui-même. Ce sont les parents les plus narcissiques qui se sentent les plus menacés par la croissance de leur enfant. Celui-ci leur montre, en prenant de l’âge, qu’ils vieillissent. Tant que l’enfant est totalement dépendant, il continue, pour ainsi dire, de faire partie du père et surtout de la mère. Mais quand, mûrissant, il tend vers son indépendance, il est ressenti comme une menace, et c’est ce qui arrive à la reine de Blanche-Neige : dans Blanche-Neige, la lutte oedipienne de la petite fille pubertaire n’est pas refoulée, mais vecue autour de la mère considérée comme rivale ; par ailleurs, le père est une figure totalement absente qui ne permet pas de désamorcer le conflit.

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Tous les enfants voudraient qu’il soit possible d’éviter le difficile travail de l’intégration qui, ainsi que le montre aussi l’histoire de Blanche-Neige, s’accompagne de graves dangers. Pendant un certain temps il semble qu’il soit possible d’échapper à cette tâche : Blanche-Neige mène provisoirement une existence paisible auprès des nains où elle cesse d’être une enfant incapable d’affronter les difficultés du monde pour devenir une fillette qui apprend à bien travailler et à en tirer plaisir.
 

Comme les fées, les nains peuvent être bons ou mauvais ; dans Blanche-Neige, ils sont bons et ne demandent qu’à l’aider. La première chose que nous apprenons à leur sujet, c’est qu’ils « rentrent du boulot« . Comme tous les nains, même ceux qui sont antipathiques, ils sont durs et habiles à leur travail. Ils ne vivent que pour travailler ; ils ignorent ce que peuvent être les loisirs et les divertissements. Ils sont d’emblée impressionnés par la beauté de Blanche-Neige. Blanche-Neige va signer avec eux une sorte de pacte, lié au travail et à l’entretien de la maison : Les sept nains évoquent les sept jours de la semaine, des jours consacrés au labeur. Ce passage représente la période de l’intégration de l’adolescent dans le monde du travail.
 

Les nains sont donc essentiellement des êtres de sexe masculin, mais ils sont des hommes dont la croissance a avorté. Ces « hommes  en miniature», avec leur corps trapu et leur travail de piocheur (ils se faufilent facilement dans les cavités sombres) évoquent des associations phalliques. Ils ne sont certainement pas des hommes dans le sens sexuel du mot ; leur façon de vivre et leur méconnaissance de l’amour évoquent une existence pré-oedipienne.

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La période paisible de pré-adolescence que Blanche-Neige vit chez les nains avant que la reine ne revienne la tourmenter, lui donne la force de passer à l’adolescence. Elle entre ainsi dans une nouvelle phase de troubles :  elle n’est plus une enfant qui doit subir passivement tout ce que sa mère lui inflige, mais une personne qui doit participer en toute responsabilité à ce qui lui arrive.
Les relations de Blanche-Neige avec la reine symbolisent certaines des graves difficultés qui peuvent surgir entre la mère et la fille.
 

Après avoir failli être détruite par son conflit pubertaire précoce et par la rivalité qui l’opposait à sa marâtre, Blanche-Neige tente de se réfugier dans une période de latence dénuée de conflits où, sa sexualité restant en sommeil, elle peut éviter les tourments de l’adolescence. Mais le développement humain, pas plus que le temps, ne peut rester statique, et il ne sert à rien d’essayer de revenir à une vie de latence pour échapper aux troubles de l’adolescence. Au tout début de son adolescence, Blanche-Neige commence à connaître les désirs sexuels qui étaient refoulés et endormis pendant la latence. Au même moment, la marâtre, qui représente les éléments consciemment refusés dans le conflit interne de Blanche-Neige, rentre en scène et brise la paix intérieure de la jeune fille.
 

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La facilité avec laquelle Blanche-Neige se laisse tenter par sa marâtre, malgré les avertissements des nains, montre combien ces tentations sont proches de ses désirs secrets. Les nains lui disent en vain de ne laisser entrer personne dans la maison (ou, symboliquement, dans son être intérieur).  La scène de la pomme symbolise le moment où l’adolescent décide de ne plus fuir devant les conflit mais de les affronter.  

Blanche-Neige croque généreusement dans la pomme : en mangeant la partie rouge (érotique) de la pomme, elle met fin à son « innocence ». Les nains, qui étaient les compagnons de son existence fixée au stade de latence, sont incapables de lui rendre la vie :  Elle a fait son choix. Le rouge de la pomme évoque des associations sexuelles, de même que les trois gouttes de sang qui conduisent à la naissance de  Blanche-Neige : celles-ci évoquent la menstruation, un événement qui marque le début de la maturité sexuelle. Tandis qu’elle mange la partie rouge de la pomme, l’enfant qui est en Blanche-Neige meurt et est placé dans un cercueil de verre.

blanche-neige%20(5) dans Les Films d'Animation
 

L’histoire de Blanche-Neige nous apprend qu’il ne suffit pas d’atteindre la maturité physique pour être prêt, intellectuellement et affectivement, à entrer dans l’âge adulte, en tant qu’il est représenté par le mariage. L’adolescent doit encore grandir, et il faut encore beaucoup de temps avant que soit formée une personnalité plus mûre et que soient intégrés les vieux conflits. C’est à ce moment-là seulement qu’on est prêt à accueillir le partenaire de l’autre sexe et à établir avec lui les relations intimes qui permettent à la maturité adulte de s’accomplir. Le partenaire de Blanche-Neige est le prince qui reçoit le cercueil des mains des nains et qui l’emporte. L’histoire de Blanche-Neige nous dit de façon symbolique que si nous ne refrénons pas nos passions incontrôlées, elles finiront par nous détruire.

De nombreux héros de contes de fées, à un moment crucial de leur développement, tombent dans un profond sommeil ou sont ramenés à la vie. Chaque réveil (ou renaissance) symbolise l’accession à un niveau supérieur de maturité et de compréhension. C’est l’une des façons qu’adopte le conte de fées pour stimuler notre désir de donner à la vie une signification plus élevée : une conscience plus profonde, une meilleure connaissance de soi et une plus grande maturité. La longue période d’inactivité qui précède le réveil de Blanche-Neige fait comprendre à l’auditeur – sans l’exprimer consciemment – que cette renaissance exige pour les deux sexes un temps de repos et de concentration.

Sources de cet article : Bibliothèque Municipale de Lyon et Psychanalyse des Contes de fées, Bruno BETTELHEIM

Mulan, ou la place de la femme dans la société

Vendredi 24 août 2007

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Mulan est le 54e long-métrage d’animation et le 36e « Classique » des studios Disney. Sorti en 1998, il s’inspire de la légende de Hua Mulan.

L’Histoire : Mulan est une jeune Chinoise. Lorsque la guerre éclate dans son pays, un homme est convoqué dans chaque famille, pour défendre la Chine. Alors, pour sauver son père, Mulan décide de prendre sa place. Elle doit désormais se faire passer pour un homme, car si on découvre la réalité, sa famille sera déshonorée.

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Pas facile, lorsque l’on est une jeune fille, de trouver sa place dans la société : les espoirs des parents, le regard critique des « autres », sont en totale contradiction avec nos envies et nos désirs…

Mulan pose tous les problèmes liés à la féminité naissante :

- La place de la femme dans la société : La chanson de la marieuse est très claire : « Nous devons servir l’empereur ; les hommes en se battant, les femmes en attendant« . A l’opposé des héroïnes classiques et dans la lignée de Belle et de Ariel, Mulan fait partie d’une nouvelle génération d’héroïnes d’animation : son caractère affirmé la pousse à ne pas accepter la place réductrice réservée aux femmes. Dans une société où la femme ne semble être qu’un objet d’ornement,  elle n’hésite pas à faire fi de l’autorité paternelle, et des conventions sociales. Mulan, à son tour, est une jeune entêtée qui fait confiance à son coeur pour avancer dans la vie. De façon, peut-être, à ne pas trop heurter nos sociétés occidentales, l’histoire se passe en Chine, dans un pays où la place de la femme est en pleine mutation, à mi-chemin entre une tradition écrasante et une modernité naissante. Mulan incarne parfaitement cette nouvelle génération de chinoises dont la vie est un fil tendu entre ces deux mondes. Elle a le choix entre le mariage « classique », vers lequel la mènent ses parents (tout en sachant qu’elle n’est pas faite pour) : c’est la scène de la marieuse ; et une union libre et moderne, qui lui correspond tout à fait : c’est l’amour naissant avec ce jeune officier.

- L’homosexualité est traitée en filigranne de façon très discrète : l’amour entre Mulan (qui se fait passer pour un homme) et Shang frôle avec subtilité l’homosexualité, faisant comprendre, au passage, aux enfants, que l’amour n’est pas chose évidente. Shang est troublé par Mulan, et ce, dès le début de leur rencontre : C’est le seul de ses soldats qui se rapproche de lui dans les moments difficiles (à la mort de son père, par exemple) et ils tissent, ensemble, des relations privilégiées. Peut-être sont-ce les qualités féminines de Mulan qui l’attirent, peut-être n’a-t-il pas, lui, de tabou sexuel à franchir. Toujours est-il que, même si la barrière est très floue, la question de l’homosexualité reste posée et le film ne lui apporte pas vraiment de réponse : c’est à l’enfant à tirer ses propres conclusions sur ce mode de sexualité…

- L’égalité entre hommes et femmes est (enfin?) bel et bien restauré : La révolution sexuelle a eu lieu depuis bien longtemps, et pourtant… rien n’est encore acquis!!! Dans le pays de Mulan, c’est l’homme qui fait la guerre, c’est le père qui fait autorité, la femme étant réduite à un rôle représentatif de la croyance ancestrale. Dans ce paysage traditionnaliste, Mulan fait figure de personnage asexué, tant son physique et son caractère sont entre les deux sexes : c’est une jeune fille, et pourtant ses formes naissantes sont imperceptibles (d’ailleurs, le doute est général sur sa faculté à prendre mari) ; elle se bat comme un homme contre Shan-Yu ; elle dépasse les frontières du sexe : Mulan représente l’Homme. Désormais, accompagnée de Fiona ou de Jasmine, elle établit de façon définitive l’égalité absolue entre hommes et femmes.

- L’importance de l’éducation : Pour que cette révolution aie lieu, il faut avant tout qu’elle soit menée par des personnes ouverts d’esprit. Les parents de Mulan semblent, à première vue, embrigadés par le traditionnalisme écrasant de leur société : ils mènent Mulan vers la marieuse en priant pour qu’elle réussisse à passer ce cap. Et pourtant, on peut sentir que les parents de Mulan savent parfaitement que les conventions sociales ne sont que des conventions : le père de Mulan, mort d’inquiétude, se fiche éperduement de l’épée que celle-ci lui amène : il lui précise que tout ce qui compte, c’est qu’elle soit saine et sauve : son honneur n’est, finalement, que secondaire. Voyez comme le personnage de la grand-mère de Mulan est atypique : derrière des airs coincés et traditionnalistes, cette vieille femme véhicule aussi des valeurs modernes : elle regrette que Mulan n’ai pas « ramené » un homme ; elle plaisante sur des sujets graves… Ce film est très clair à ce sujet : l’évolution des choses ne peut se faire que par des gens très ouverts au changement et dont l’éducation véhicule, en toile de fond, l’ouverture et le respect de la différence…

***

Le saviez-vous ?

- Dans la version française, c’est Patrick Fiori qui assure la voix de Shang lors des passages chantés et c’est José Garcia qui a prêté sa voix à Mushu !!

- Dans la tour des feux d’artifices, on peut voir un personnage qui a tout sauf les traits d’un chinois : c’est la caricature d’un des réalisateurs du film.

- La réalisation du film a coûté environ 70 000 000 $

Des Erreurs se sont glissées dans ce film :

- Au début du film, Mulan se peint le visage en blanc et revêt un kimono. Ces pratiques sont japonaises et non pas chinoises.

- Le criquet de Mulan n’a que quatre pattes au lieu de six.

- Shan-Yu le Hun prétend avoir été invité par l’Empereur à édifier sa « grande muraille » afin de prouver sa force, alors que l’on sait qu’il a fallu des siècles pour construire la Grande Muraille et qu’elle fût achevée bien après que les Huns aient cessé d’être une menace.

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Dédicasse pour mon p’tit bolide

Jeudi 23 août 2007

40 secondes de pur bonheur !!!

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Mon fils adore !!

Les Grandes Princesses… 1ère Génération

Mercredi 1 août 2007

Article 2/6 du Dossier de Août 2007

Les Grandes Princesses... 1ère Génération dans Les Films d'Animation Cendrillon004

 La première génération de princesses dans les films d’animation est constituée des grandes classiques : La Belle au Bois Dormant, Blanche Neige et Cendrillon ; ce sont les plus anciennes.

Elles perpétuent le mythe de la femme fatale inaccessible* : C’est Cendrillon enfermée à clé dans une haute tour ; c’est Aurore isolée puis « endormie » ; c’est Blanche Neige, présumée morte… Il s’agit là d’une image très classique et stéréotypée de la femme : elle est, par définition inaccessible et son amour doit se mériter. La princesse n’a pas de caractère : elle est passive et subit les événements qui lui arrivent.

Tout l’univers féodal et mythologique tourne autour de ces princesses : L’amour se veut chevaleresque : Robin des Bois illustre l’amant parfait et donne l’exemple aux princes anonymes qui séduisent nos belles princesses.

On peut d’ailleurs noter que, pour cette génération de princesses, elles ne connaissent pas leur prince et n’apprennent pas non plus à le connaître : il leur est en quelque sorte « imposé » par le destin : c’est la bravoure du prince qui le distingue et lui donne le droit d’embrasser (et d’épouser) la belle : plusieur générations d’enfants ont donc été bercées par ce modèle du couple, comme à l’époque (pas si loin que ça) où les parents décidaient arbitrairement de la constitution des couples.

* à ce sujet, lire notre article « Extrait du Da Vinci Code » dans lequel la femme est souvent associée à la recherche du Graal.

Les Grandes Princesses… la rupture

Mercredi 1 août 2007

Article 3/6 du Dossier de Août 2007 

Une « deuxième génération » de princesse fait ensuite son apparition : Ce sont Ariel, Belle, Jasmine ou Pocahontas.

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Nous avons désormais affaire à des princesses qui réfléchissent, qui vont à l’encontre de l’ordre inscrit et qui… fait nouveau, ont le choix entre plusieurs hommes : Belle peut décider d’épouser Gaston, cet homme « grossier, ordinaire, sûr de lui« , ou la Bête, qu’elle apprend à connaître ; Pocahontas, elle aussi, est censée épouser un membre de sa tribu, choisi par son père, ou John Smith, un « étranger » avec lequel elle apprend à communiquer.

Cette deuxième génération de Princesses donne au couple une dimension toute nouvelle, permettant aux jeunes filles de se construire une image un peu plus moderne du couple. Le couple, en effet, devient, un lieu d’épanouissement mutuel, qui ne se forme réellement que lorsque les deux membres ont appris à se connaître, à s’accepter et… à s’aimer : la preuve : le seul baiser qu’échangent J. Smith et Pocahontas, n’a lieu qu’à la fin du film ; de même, la Belle dit clairement à la Bête qu’elle l’aime que lorsqu’elle pense l’avoir perdu.

Cette image du couple rompt avec l’image féodale véhiculée par Blanche Neige, Cendrillon ou La Belle au Bois Dormant : les deux amoureux sont égaux dans le couple et se choisissent mutuellement au bout d’un long apprentissage : « ces choses-là prennent du temps » fait observer, à raison, Mme Samova…

Ces nouvelles Princesses vont à l’encontre de l’ordre établi ; réfléchies, elles ne sont plus réduites à leur simple rôle de « femmes » : elles sont l’image de la femme moderne, qui participe activement à faire avancer les choses : Ariel et Pocahontas, en épousant des « étrangers », font figure d’avant-gardistes en matière de racisme ! Belle, elle, fait triompher le coeur et les sentiments sur le physique ! Quant à Jasmine, elle va jusqu’à faire changer les lois de son pays pour pouvoir épouser Aladin !

Les voilà donc, ces femmes modernes et avant-gardistes, jusque dans nos petits dessins animés, à donner le change à l’image poussiéreuse de la femme innaccessible qui a bercé notre enfance…

Les Grandes Princesses… au paroxisme de la modernité !

Mercredi 1 août 2007

Article 4/6 du Dossier de Août 2007 

La « troisième génération » de princesses que nous pouvons évoquer est la plus récente : Les Fiona, Mulan ou Selenia tranchent désormains crûment avec les Cendrillon et compagnie ! Elles vivent dans leur temps, se battant en guerrières, comme des hommes ou à la Matrix, se moquent éperdûment des grandes princesses classiques et affirment leur physique, qu’il soit disgracieux ou masculin : nous voilà au paroxisme de la modernité !

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Mulan, la guerrière passe pour un homme durant tout le film et son physique particulièrement moderne n’est pas sans rappeller le physique anorexique de nos jeunes filles ; il en est de même pour Selenia (dans Arthur et les Minimoys) : C’est une princesse atypique dont le caractère de petite fille gâtée et colérique malmène le romantisme auquel les films d’animation dits « classiques » nous avaient habitués… Fiona, quant à elle, fait voler en éclats les grands concepts de l’amour chevaleresque et romantique et s’éprend de Shrek, le roteur-pêteur. Et oui, l’amour, on le fait rarement avec Richard Geere, mais bien plutôt avec Mr Toutlemonde, et c’est bien souvent LUI qu’on aime… avec ses défauts d’homme imparfait !

L’image de l’amour via les grandes Princesses est désormais plus que moderne, il devient sur-réaliste : le couple est la réunion de deux entités qui occupent une place égale (c’est pas trop tôt!!).

A mon fils…

Mardi 17 juillet 2007

A mon p’tit bonhomme qui, depuis près de trois ans, m’apporte un peu plus de bonheur chaque jour…

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Ta Maman qui t’aime.

L’âge de glace 1 : En route vers la socialisation

Jeudi 12 juillet 2007

ageglace.bmp      L’Âge de Glace 1 a rencontré un énorme succès auprès du jeune public. Ce film d’animation raconte l’histoire de Sid, Manny et Diego, associés pour sauver un bébé humain. Tout d’abord à l’état sauvage, les 3 acolytes vont apprendre à découvrir des valeurs essentielles telles que la confiance, le respect et l’amitié.

Le début du film nous présente, en effet, un monde à l’état sauvage où la « sélection naturelle » joue un rôle prépondérant :

Ici, c’est chacun pour soi : les espèces se combattent les unes les autres, à l’image des hommes qui ont massacré la famille de Manny, ou à l’image les tigres dont l’existence est tournée vers la chasse (à l’homme et, accessoirement au bébé).

Ici, l’amitié n’existe pas : « Il n’y a pas de nous, nous, ça n’existe pas  » hurle Manny. Les différentes espèces ne se mélangent pas et lorsqu’elles s’associent, ce n’est que par profit : Au début du film, Sid ne suit Manny que parce que ce dernier est fort et costaud et qu’il est succeptible de le défendre en cas de danger.

Les espèces ne s’entraident pas et ne pratiquent ni l’empathie, ni la pitié : les cocotes refusent de céder la moindre de leurs pastèques, pas même pour un bébé affamé.

A l’intérieur-même des espèces, c’est le chaos qui règne : Voyez comme les membres du clan de Diego se battent ; Sid lui-même raconte que les autres membres de son espèce le malmènent.

Nous voilà au coeur de l’univers de l’enfant, là où c’est le chacun-pour-soi qui fait office de loi ; là où il faut se « battre » pour garder un jouet ; là où l’on se moque éperdûment des besoins et des envies des autres, tant que les notres sont satisfaits.

Mais Sid est d’une espèce différente ; il est d’un genre nouveau, et c’est lui qui va permettre à ce monde sauvage d’évoluer vers des concepts d’amitié et d’entraide : tout d’abord en décidant d’aider le Bébé et en forçant Manny à l’accompagner dans cette aventure.

Au fil de leurs aventures, Sid, Manny, puis Diego vont faire comprendre à nos enfants que, dans la vie, l’entraide et l’amitié sont des valeurs sûres qui permettent non seulement de s’épanouir, mais aussi de faire face aux difficultés. Ils vont créer à eux trois un nouveau « clan », insolite, qui marque le début d’une nouvelle ère : une ère où l’on sait aimer l’autre pour ce qu’il est et non pour ce qu’il peut nous apporter.

L’enfant qui regarde ce film traverse avec Sid, Diego et Manny les mêmes étapes et touche du doigt les grands concepts de notre société. En effet, les aventures farfelues des 3 compères sont autant d’étapes du développement de l’enfant :

- La scène de la caverne (serait-ce une reprise du mythe de la caverne ?) retrace parfaitement les différentes étapes de l’évolution des espèces ;

- La scène de l’aveu de Diego, elle aussi, est fondatrice : elle représente la rupture entre la « sauvagerie » (le chacun pour soi) et la socialisation de l’enfant.

- La scène du col du glacier prouve à l’enfant qu’en associant ses compétences à celles des autres, il peut vaincre les difficultés de la vie.

Ce récit d’initiation, qui emmène donc notre enfant au coeur-même de sa propre évolution, le fait tour à tour traverser les différentes phases qui le guideront de son état « sauvage » à un état « civilisé », où le respect, l’empathie, l’amitié et la confiance sont à l’honneur.

D’ailleurs, à la fin du film, les 3 amis décident de former un nouveau clan où chaque individu est accepté pour ce qu’il est.  Ce clan, formé d’individus de races différentes, symbolise la paix entre les peuples.

Un monde trop parfait, me direz-vous ? Il parait que le bonheur commence par l’espérance…

L’Âge de Glace 2 : Métissons-nous…

Jeudi 12 juillet 2007

agegl2.bmp   Qui sommes-nous au juste ? Qui sont nos semblables et quel est notre rôle sur Terre ? Ces questions existentielles qui, semble-t-il, n’ont pas leur place dans la tête de nos petits, sont pourtant traitées de façon particulièrement moderne dans le deuxième volet de l’Âge de Glace.

Le rôle premier de tout animal sur Terre est, à priori, de procréer afin d’assurer la survie de l’espèce : Manny et Elie, les derniers Mamouths le savent très bien ; c’est pourquoi Manny propose à Elie d’être ensemble afin de procréer et d’empêcher que leur race ne disparaisse : Voyez comme les questions crues de la sexualité sont particulièrement bien traitées dans ce film d’animation ! Le jeune enfant apprend déjà quelle est la première utilité de la sexualité.

A la fin du film, Manny et Elie se rendent compte qu’ils ne sont pas les derniers Mammouths : Ils vont pouvoir s’aimer pour… s’aimer : la deuxième utilité de la sexualité est ici exposée à nos enfants de façon très claire : « Je ne veux pas qu’on soit ensemble parceque c’est notre devoir ; je veux qu’on soit ensemble parcequ’on en a envie« , avoue enfin Manny. Vous pensiez que ces questions un peu « crues » n’étaient pas accessibles aux enfants ? Et pourtant si ! Déjà, l’enfant a des réponses très claires aux questions qu’il se pose.

Un autre tabou lié à la sexualité, et bien souvent, peu abordé dans la famille fait ici son apparition : peut-on se « mélanger » avec les autres races ? Cette question est posée en filigranne par le personnage d’Elie, la mammouthesse qui a toujours cru qu’elle appartenait à la race des oppossums : elle raconte qu’étant plus jeune, aucun oppossum mâle ne voulait d’elle. Notre société, même si elle s’est un peu libérée sur la question, inculque encore à nos enfants une vision quelque peu « raciste » de l’amour ; l’Âge de Glace 2 fait un pied de nez à toutes ces idées reçues, ouvrant à nos enfants la voie du métissage.

Ce film traite d’une multitude d’autres questions existentielles d’actualité : En filigranne toujours, nous pouvons constater qu’il tente de sensibiliser nos enfants aux questions environnementales : L’aventure du film est centrée sur la fonte d’un énorme barrage de glace qui menace de se rompre à cause du réchauffement de la planète. Nos enfants sont prévenus des risques qui menacent notre Terre et sont sensibilisés à la question de l’avenir de la planète.

Dernier élément que nous pouvons relever dans la symbolique de ce film : il se termine (comme d’habitude !) merveilleusement bien : le « CLAN » formé par Sid, Manny et Diego à la fin du premier volet se retrouve agrandi par Elie, Crash et Eddie et son organisation est quelque peu modifiée : Ce nouveau « clan » ressemble à s’y méprendre à une petite famille recomposée, laissant penser à l’enfant qui regarde et qui, peut-être, vit lui-même au sein d’une famille recomposée, que c’est ça aussi la modernité de ce monde : savoir re-composer encore et encore avec les aléas de la vie…

Là où le Livre de la Jungle dit que chacun doit vivre auprès de ses semblables, L’Âge de Glace 2 répond : « Métissons-nous »!

Le Roi et l’Oiseau

Lundi 25 juin 2007

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Le Roi et l’Oiseau est un dessin animé français créé par Paul Grimault, avec des textes de Jacques Prévert d’après La Bergère et le Ramoneur de Hans Christian Andersen, et sorti au cinéma le 19 mars 1980.

Ce film a connu une première vie sous le titre : La Bergère et le Ramoneur sorti en 1953, avec un montage différent, imposé par la production et désavoué par les deux auteurs. En 1966, Paul Grimault récupère les droits et les négatifs du film qui durait 62 minutes, puis redessine les scènes existantes, tourne de nouvelles séquences et le remonte entièrement pour donner Le Roi et l’Oiseau (87 minutes).

Les voix de La Bergère et le Ramoneur ainsi que la musique de Joseph Kosma n’ont pas été utilisées pour Le Roi et l’Oiseau, seuls quelques extraits musicaux de Kosma ont été repris.

L’Histoire :

Le roi est un tyran qui gouverne le royaume de Takicardie. Ce roi est amoureux d’une charmante bergère, mais le cœur de la jeune fille est pris par un petitramoneur « de rien du tout » (ces deux personnages sont sortis de tableaux présents dans la chambre royale). Grâce à l’aide d’un oiseau, qui a l’habitude de narguer le roi, ceux-ci arrivent à s’enfuir du palais royal, poursuivis par la police. Le film évoque cette poursuite avec poésie et douceur.

Voici un petit extrait de la scène des déclarations d’amour : Image de prévisualisation YouTube

Interprétation :  

Ce film est aussi un hymne contre le totalitarisme et si on le regarde attentivement, on peut y relever des allusions au nazisme et au stalinisme (culte de la personnalité). Il reprend des thèmes chers à Jacques Prévert, tels que la liberté et l’amour.

Le roi est un personnage méprisable, colérique et terriblement égocentrique: il a le droit de vie ou de mort sur ses sujets, tous ses proches collaborateurs lui obéissent aveuglément et il est entouré d’incompétents et d’imbéciles.

Le film dépeint une monarchie absolue ou une tyrannie.

Ce film fait aussi largement référence au thème de l’art au service de la propagande. Les nombreuses «œuvres d’art» (sculptures, peintures, monuments gigantesques) à l’effigie du roi sont si nombreuses et grotesques que tous ces objets ne possèdent plus en quelque sorte l’attribut d’être de l’art, n’étant seulement que de la pure propagande. Il y a une scène particulière où le roi, regardant au travers d’une fenêtre, voit une représentation de lui armé d’une lance et tuant un gigantesque rhinocéros. L’objet véhicule un mensonge, à savoir qu’il représente le souverain comme un puissant guerrier et chasseur. Ce genre de représentation existait dans le Proche-orient ancien, en Mésopotamie, sous certaines dynasties.

La cité de Takicardie est un mélange harmonieux de monuments de divers époques.

Les objets d’art prennent vie dans le film, ce qui contribue à renchérir son propos et sa poésie. Ce n’est pas explicitement suggéré dans le film, mais il est possible que l’oiseau et ses oisillons, au même titre que la bergère et le ramoneur, aient été à l’origine les personnages d’un tableau.

Fiche Technique :

  • Réalisation : Paul Grimault
  • Scénario : Jacques Prévert et Paul Grimault, d’après La bergère et le ramoneur de Hans Christian Andersen ; dialogues de Jacques Prévert
  • Production : Les Films Grimault, Les Films Gibé, Antenne 2
  • Musique : Wojciech Kilar, interpretée par le Grand Orchestre Symphonique de la Télévision Polonaise de Katowice sous la direction de Stanislaw Wisloki
    • Les chansons extraites du film La Bergère et le Ramoneur paroles de Jacques Prévert ont été composées par Joseph Kosma chantées par Jacques Jansen, Eric Amado, Jean Martin éditions Enoch et Cie
  • Durée : 87 minutes (1 h 27)

Autour du Film :  

  • Ce film fourmille de références :
    • la « ville basse » ressemble à celle de Metropolis de Fritz Lang
    • le travail à la chaîne fait penser aux Temps Modernes de Charles Chaplin
    • certains décors évoquent les peintures de Giorgio de Chirico
    • les jeux de trappes rappellent la trappe d’Ubu d’Alfred Jarry
  • Le film est dédié à Jacques Prévert, mort en 1977. Lors de la première projection, Paul Grimault avait réservé une place à côté de lui, pour Jacques Prévert.
  • Il a réuni 1,7 million de spectateurs au cinéma en 1980.

Récompenses :

  • 1952 : La Bergère et le Ramoneur a été primé à Venise en septembre 1952.
  • 1979 : Prix Louis-Delluc 1979, décerné en décembre alors qu’il n’était pas encore sorti en salles.
  • 2004 : Prix spécial du Jury DVD au Festival de Cannes 2004.

Restauration :

Il a été restauré par StudioCanal, puis présenté en projection numérique haute définition au Festival de Cannes 2003. 

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