Article 2/6 du Dossier de Février 2008
Pour information, et par soucis d’honnêteté, je vous informe que ce texte ne vient pas de moi… L’auteur m’est inconnu puisqu’il a pris la parole au sein d’un forum pour expliquer d’où provient l’héritage sexuel chez Disney… Merci (et bravo) à cet illustre inconnu !
- Le premier héritage sexuel chez Disney vient des contes. En reprenant les contes anciens et leur symbolique sexuelle, les films disney se voient contraints de l’adapter, et donc de la refléchir. Dans les films de 1937 à 1959, la sexualité est souvent liée à l’idée de macabre : on range le tout dans le groupe des pulsion refoulées et inconscientes. Un film comme Cendrillon, avec ses passages « délimités » basculant dans l’expressionisme et l’abstrait (la première visite dans la chambre de la mère, l’humiliation du déshabillage, l’escalier final et l’enfermement) est un bon exemple de ce que Disney a pu faire de la sexualité au niveau le plus symbolique (et angoissé) du terme.
- L’explicite, ensuite. Au départ, l’explicite vient des films hollywoodiens dans la mouvance duquel Disney s’inscrit : ça fonctionne, en gros, en fonction du Code Hayes, un code de censure qui poussaient les scénaristes à ruser, à détourner, à sous-entendre, à être inventifs. En a découlé l’explicitation sexuelle de la comédie américaine des années 40-50, quelque chose de très mutin, malin, « coquin » sans pourtant rien montrer. On le retrouve dans pas mal de films Disney des années 60, ça reste néanmoins court et limité aux méchantes (les 101 dalmatiens en est un exemple), méchantes qui utilisent la forme cartoon pour accentuer la sexualité des corps tout en les condamnant (ex : Cruella vamp donc possiblement sensuelle, mais tellement vamp qu’elle en devient squelettique et donc repoussante et grotesque). Dans les dernières années (90-2000), Disney va vers un explicite plus simple, plus direct, avec des clins d’oeil visant à appater l’ado.
- Enfin, la sensualité, ou plutôt le chemin qui y mène. C’est un pari pour Disney, qui n’a d’ailleurs jamais vraiment renié la question (beaucoup des films Disney, de La Belle et le Clochard à La Petite Sirène, racontant l’émotion des premières fois et du « déflorage », même si c’est présenté plus poétiquement que ça). On remarque, au début des années 90, que la symbolique des contes à laissé place aux « rituels », quelques chose de plus tribal, de plus direct. Exemple : on enferme une vierge et une masse virile (sexuée, adulte) dans un grand château, et on les laisse se flairer et appréhender la séduction et leur sexualité tranquilles au milieu de ce grand terrain de jeu : ça donne La Belle et la bête. La sensualité en tant que telle passe par deux choses. Le jeu sur les éléments, déjà symboliquement (la nuit d’amour de Bambi, où la nature métaphorise la montée de plaisir) jusqu’à être franchement frontaux (l’omniprésence liquide, suante, visqueuse -les insectes-, bref tout cet environnement propice à l’apprentissage sexuel qui mène les personnages du Roi Lion a une scène somme toute assez osée). La deuxième chose est le travail sur les corps : on les « désecurise », on les fait saigner, on les cogne, on apprend à les concevoir comme de la chair. C’est le travail d’un film comme Taram et le Chaudront magique, par exemple.
(…) On trouve des exemples dans quasiment tous les films, d’ailleurs jamais « cachés », simplement assagis et très esthétisés, ce qui les rend moins perceptibles.
J’aime ce qui est dit sur Taram et le chaudron magique sur le fait qu’on cogne les corps, qu’on les désécurise et qu’on apprend à les concevoir comme de la chair. Mais une chose qui n’a pas été dite les que les corps saignent très souvent. J’en suis arrivée à cette conclusion: au début du film, on entend parler d’un chaudron aux pouvoirs maléfiques puis on va Taram travailler chez un vieil homme qui pourrait être son grand-père symbolique représentant un parent doux et attentionné. La cochonne Tirelire elle fait des cauchemars réguliers concernant le chaudron et du Seigneur des ténèbres et ses sire qui en ont après elle. Je pense donc que Tirelire représenterait Taram enfant tyranisé par son père représenté par le Seigneur des ténèbres. Ce traumatisme pourrait expliquer pourquoi Taram est si aventurier et désire tant affronter le Seigneur des ténèbres. D’ailleurs, que sait-on du passé de Taram? Rien. Je pense que cette ambiguitée est volontaire.
Regardez comme Dalben le fermier représentant le grand-père met réglièrement Taram en garde contre le Seigneur des ténèbres, homme au physique terrifiant ressemblant plus à un cadavre en décomposition qu’autre chose. Au moment où Tirelire se fait capturer les dragons, Taram se retrouve dans une forêt interdite, se fait cogner par les dragons, saigne et hurle de douleur et de désespoir. On peut supposer que si Tirelire représente bel et bien l’enfance de Taram, ce dernier hurle parce qu’il se rappelle de son père et des mauvais traitements qu’il lui infligeait. Mais il se rappelle que s’il ne tente pas de sortir du sade fragile de l’enfance, jamais il ne pourra grandir. Bien qu’il y ait de la bravoure en lui, l’idée de se retrouver face-à-face avec le Seigneur des ténèbres le terrifie. Mais il décide toutefois d’oter son enfance retenue au château (Tirelire). Lorsqu’il se retrouve enfin devant le Seigneur des ténèbres pour la première fois, sa première réaction est la peur. D’ailleurs, le Seigneur des ténères le force à se replonger dans sa terrible enfance et de penser au chaudron magique dont on lui a tant parlé. En effet, le Seigneur des ténèbres est fou et obsédé par la destruction aupoint de faire tuer des gens innocents ou de retenir des personnes (surtout des jeunes gens (en particulier des jolies jeunes filles comme Eilnowy) comme Taram et de faibles vieillards (Ritournelle)).
A en voir le comportement du Seigneur des ténèbres, il semblerait malheureux et frustré (bien qu’il soit tyrranique) et victime de gens qui lui disaient qu’il ne pouvait rien faire face à un évènement malheureux mais qu’il ne devait pas s’en prendre à une personne qui n’y était pour rien mais qu’il pense toutefois responsable. La soif de destruction mélangée à la capture d’Eilnowy, à celle de Taram, celle de Ritournelle et aux souffrances infligées à Tirelire pourraient faire penser à ceci: au commencement, le Seigneur des ténèbres était un fort bel homme marié à une très belle femme qui un jour tomba enceinte. Mais en mettant au monde un petit garçon, elle mourrut. Triste d’abord, l’homme se rappela que c’est en mettant au monde le petit garçon que sa femme est morte. Il rejette donc toute la faute sur Taram et lui fait du mal. Son vieux père lui dit qu’il n’a pas à le traiter comme ça et les gens autour de lui le traitent de tous les noms. Il n’en peux plus, devient fou et se dit que la seule issue pour cesser de vivre un enfer est de devenir un monstre. A force de se donner au mal, il devient laid aussi bien physiquement que mentalement. Résultat,le vieux père qui n’est autre que Dalben prend l’enfant qui n’est autre que Taram alors âgé de quelques années afin de prendre soin de lui et lui permettre d’échapper à son cruel père qui continue à tuer et à capturer en particulier des jeunes filles pour chercher inconsciemment le visage de la mère défunte.
Mais en grandissant, Taram est devenu plus fort. Il se dit qu’il doit échapper à ce père et parvient à ne plus penser à cette horrible enfance qu’il tente d’effacer de son esprit en envoyant Tirelire dans les douves. Mais personne ne peut effacer le passé, ce qui explique que Taram se retrouve à nouveau tyrranisé par son père d’où l’enfermement dans le donjon. Cela que Taram ne peut pas avoir droit à une enfance paisible et heureuse qu’il a pourtant tant cherché. Ce qui lui permettrait d’être heureux ne serait autre que de renoncer à la famille, ce qu’Eilnowy lui permet en l’aidant à s’évader et surtout en se faisant aimée de lui. En effet, bien que le Seigneur des ténèbres semble chercher sa femme défunte à travers elle, Eilnowy reste une personne extérieure au cercle familial. Ce qui veut dire qu’elle peut être un élément permettant l’émancipation de Taram.
L’épée magique de Taram représente la soif de vengeance de Taram qui ne souhaite que la mort de son père. En renonçant à cette épée au cours du film, il décide de renoncer à sa vengeance et tente de devenir un adulte. Mais son père ne le laissera jamais tranquille car il ne veut que le tuer, c’est pourquoi il le laisse d’abord s’envahir d’une même soif de violence vengeresse en cherchant le chaudron symbole du mal absolu et violent dans lequel le Seigneur des ténèbres se donne. Il parvient presque à devenir un dieu démoniaque en se servant du chaudron. Gurgi, représentant le désespoir de Taram, se dit qu’on ne peut rien faire à cela et que le seul moyen d’échapper au monde violent est de laisser le mal nous envahir jusqu’à ce qu’il nous tue. Ce que Taram fait presque en tentant de sauver Gurgi prisonnier du chaudron. Mais son coeur lui dit d’en faire autrement car il se retrouve à nouveau face au Seigneur des ténèbres. A t-il seulement tenter de lui échapper ou l’a t-il jeté délibérement dans le chaudron à l’aide de ses jambes?On ne le sait pas vraiment.Toujours est-il qu’en se donnant au mal, cela finit toujours par nous être fatal. Le Seigneur des ténèbres meurt et son château s’écroule pour permettre à Taram de laisser le passé de coté afin de s’émanciper et de vivre son histoire d’amour avec Eilnowy. Il y a plus aucun désespoir en lui d’où le retour de Gurgi parmi le groupe de héros ainsi que la disparition du chaudron qu’on ne voit plus.
Ce qui a permit à Taram de vivre pleinement son histoire d’amour, c’est de rencontrer des vieilles sorcières comblant l’absence de la mère lui permettant ainsi de savoir un peu plus de choses sur les femmes d’où il ignorait tout et avait des idée stéréotypées comme il le montre lors de sa dispute avec Eilnowy.
« -Tu n’es qu’une fille, les armes, c’est pas ton domaine.
-Une fille? Une fille? Je te rapelle que sans cette fille, tu serais toujours prisonnier du Seigneur des ténèbres. »
En gros « Avec cette épée, tu ne penses qu’à te venger de ton père et pas à moi qui t’aime de tout mon coeur. Tu penses que c’est seulement cette épée qui t’a aidé alors que sans moi, tu ne l’aurais même pas trouvée. Tu n’es qu’un petit bébé qui se lamente sur son sort alors que je t’aide à aller mieux en t’éloignant de ton père. »
Taram apprend donc que les femmes ne sont pas de jolies mais des pesonnes avec des sentiments qui elles aussi peuvent être fortes.
En gros, ce film pourrait s’appeler Taram et le chaudron magique ou Apprendre à grandir.
Les coups, le sang, le face-à-face avec l’armée de morts vivants, les cris de douleur peuvent donc symboliser à la fois le stade fragile de l’enfance et l’apprentissage de la sexualité qui s’acquiert quand on s’éloigne du Seigneur des ténèbres. En effet, quand ils sont tous les deux, Taram et Eilnowy se touchent, se confient, tentent d’apprendre à se faire confiance mutuellement, ont des moments de tendresse malgré leurs disputes et finissent par s’embrasser. Même avant cela, Taram donne des signes d’amour en se montrant protecteur envers elle. Les touchers quant à eux peuvent représenter le désir ardent montant entre les deux jeunes gens. Les corps sont donc bel et bien confrontés à des coups et des touchers pour être perçu comme de la chair vivante ayant soif de désir et voulant s’éloigner des mauvais traitements que la peau peut subir.
Bien qu’à la fin du film, le groupe soit montré comme allant chez Dalben et montré par Tirelire qui fait enfin des rêves heureux et harmonieux, la fin ne montre nullement le groupe de héros retournant chez Dalben. Cela parce qu’ils peuvent toujours changer d’avis en cours de route et décider d’aller ailleurs.
La fin est donc certes incertaine mais bel et bien optimiste car Taram est tombé amoureux et son père est mort donc ne lui fera plus jamais de mal.
Bien qu’à la fin du film, le groupe soit montré comme allant chez Dalben et montré par Tirelire qui fait enfin des rêves heureux et harmonieux, la fin ne montre nullement le groupe de héros arrivant « directement » chez Dalben. Cela parce qu’ils peuvent toujours changer d’avis en cours de route et décider d’aller ailleurs.
La fin est donc certes incertaine mais bel et bien optimiste car Taram est tombé amoureux et son père est mort donc ne lui fera plus jamais de mal.