Tarzan est orphelin ; il est recueilli par une sorte de « famille d’accueil », représentée par la tribu de Kerchak.
La figure paternelle (Kerchak) ressemble aux figures paternelles « traditionnelles » que l’on rencontre dans les autres films d’animation (Bambi, Peter Pan… ) : Elle est froide et inaccessible.
La figure maternelle est, elle aussi, très traditionnelle : douce et disponible, comme dans Dumbo, Les Aristochats…
Cette « famille d’accueil », et notamment la mère, décide de taire à Tarzan ses véritables origines : Tarzan grandit naïvement, pensant appartenir à cette tribu, habité, néanmoins, par un mal-être inexplicable du à ce non-dit. L’histoire de Tarzan semble mettre en scène les difficultés rencontrées, pour les parents comme pour les enfants, dans le cadre de l’adoption. Les rapports de Tarzan aux autres sont emprunts de ce mal-être : Tarzan essuie tour à tour rejets, moqueries et bizuttages de la part de ses congénères. Il se cherche (« Pourquoi ne trouves-tu pas ton propre cri ? » lui demande même sa mère). A une époque où il était honteux de changer de partenaire sexuel, de nombreuses générations ont tu aux enfants illégitimes ou d’un premier lit leur « différence », les laissant croire, toute leur enfance, et parfois bien au-delà, qu’ils étaient nés dans le même cadre que leurs frères et soeurs. L’histoire de Tarzan semble poser cette question : Faut-il dire à l’enfant qu’il n’est pas « comme » ses frères et soeurs ? Immanquablement, l’histoire de Tarzan répond « OUI ». D’ailleurs, lorsque ce dernier se rend compte de la vérité, il reproche à sa mère d’adoption de la lui avoir tu : « Pourquoi tu ne m’as jamais dit qu’il y avait des créatures qui me ressemblaient ? » reproche-t-il à sa mère.
Tok, la gueunon fait office de soeur pour Tarzan ; et ce personnage traduit bien ce que peut l’on peut ressentir à l’encontre d’un frère « illégitime » caché : un amour fraternel sans limite, mêlé à l’étrange sensation que cet « alter-égo » est un boulet que traîne toute la famille.
Tarzan se cherche pendant longtemps : là où les autres héros d’animation vivent leur histoire assez jeunes, Tarzan n’arrive pas à s’émanciper de sa famille ; il s’y accroche comme à son mal-être et ce n’est qu’après avoir compris qu’il avait été adopté que son aventure peut commencer.
La première étape de l’émancipation de Tarzan est de devenir un homme à part entière ; la seconde est de quitter la vie animale.

C’est lorsqu’il tue le tigre que tarzan devient véritablement un homme : Cette scène initiatique est très forte en symboles :
- Tout d’abord, Tarzan venge la mort de ses parents
- Tarzan ne tue pas de façon animale mais comme un homme : avec une arme, aiguisée et réalisée par lui-même (l’arme est le symbole suprème de l’humanité)
- Notons au passage que cette arme est un symbole phallique : il devient un homme au moment où il apprend à se servir de son arme-sexe, et ce n’est pas un hasard si cet épisode intervient juste avant la rencontre de Jane
- C’est après avoir tué le tigre que Tarzan trouve enfin SON cri, un cri libérateur
- C’est en s’affirmant, et donc en assumant sa différence, que Tarzan obtient la reconnaissance de sa famille d’accueil, et notamment celle de son père symbolique
Voilà donc le sens de cette scène d’initiation où Tarzan devient enfin un homme. Une fois qu’il sait la vérité, il décide de retrouver sa famille initiale symbolique (l’Angleterre). Cette scène déclenche l’instinct de Tarzan : celui de retrouver les siens (et une femme) : Comme n’importe quel enfant qui apprendrait qu’il n’a pas été élevé par ses vrais parents, Tarzan a le réflexe de « rechercher » ces derniers, avec tout le sentiment de culpabilité que cela engendre chez lui : la sensation de trahir sa famille d’adoption en allant retrouver sa famille naturelle. Kerchak lui-même le lui reproche :
« Je t’ai demandé de protéger notre famille… (entendez par là : respecte ce que nous avons fait pour toi en ne nous reniant jamais)
… et tu nous as trahis » (comprenez : en voulant retrouver ton autre famille, tu nous renies)

Parfois (souvent) certains parents adoptifs acceptent mal que l’enfant qu’ils ont adopté, une fois qu’il a découvert la vérité, recherche sa famille initiale, c’est peut-être pour cela qu’elle avait décidé, au tout début de l’histoire, de lui taire la vérité. Mais les enfants sentent tout : ils sentent qu’ils ne sont pas comme les autres, ils préssentent leur différence, savent les choses et finissent par les découvrir. Tarzan affirme que le secrêt de notre naissance doit nous être transmise sans déperdition, faute de quoi notre développement s’en trouve dévié…
prenons-en note et exorcisons nos vieilles craintes ancestrales !
ET VOUS, QU’EN PENSEZ-VOUS ?